Dénombrer les baraques, recenser leurs habitants

 

Dénombrer les baraques, recenser leurs habitants.
Production statistique et usages des chiffres sur la ville irrégulière au 20e siècle
Après avoir examiné, lors du précédent atelier (3-4 juillet 2017), la construction juridique et réglementaire des catégories de la ville irrégulière dans la première moitié du xxe siècle, l’équipe de recherche « Ville informelle au xxe siècle » aborde la documentation produite pour décrire les quartiers ainsi catégorisés. Une fois le problème de la ville irrégulière constaté, il faut en effet le documenter, en vue de le définir et de le traiter. Comptage, cartographie, enquêtes sociales, relevés photographiques sont alors mis en œuvre. L’estimation de l’ampleur du problème est une des préoccupations importantes des pouvoirs publics. Durant ces deux journées, nous explorerons ainsi la manière dont ceux-ci cherchent à le mesurer et le décrire.
Comment les statistiques publiques préexistantes, notamment les recensements généraux de population, prennent-elles en compte ou non ces habitats et leurs populations ? Comment procède-t-on pour compter des logements qui, par définition, laissent peu de traces administratives ? Comment les descriptions chiffrées interagissent-elles avec d’autres formes de représentations, cartographiques notamment ? L’examen de ces documents permet aussi d’étudier la manière dont les catégories administratives de la ville irrégulière sont effectivement mises en œuvre et les problèmes que celles-ci posent aux acteurs de terrain.
Quelles sont les administrations qui procèdent à ces dénombrements ? Le cas échéant, à quelles organisations les pouvoirs publics confient-ils cette mission ? On s’intéressera également aux dénombrements et recensements produits de leur propre initiative par des organisations non publiques (associations religieuses ou laïques, entreprises en charge d’un équipement technique).
Quand et comment procède-t-on au recensement des populations de ces quartiers ? Quels sont les objectifs d’une telle opération (endiguement du phénomène, contrôle des individus, relogement, etc.) ? Quels usages fait-on ensuite de ces documents ? On examinera notamment les usages successifs des données nominatives collectées. On pourra également s’intéresser à la postérité des chiffres agrégés, repris de document en document.