La gentrification, un concept hégémonique ?

 

Plus de cinquante ans après les réflexions pionnières de Ruth Glass sur la ville de Londres, la notion de « gentrification » s’est imposée comme une catégorie d’analyse et un sous-champ de recherches majeurs des études urbaines. Elle constitue le concept principal au moyen duquel ces études qualifient et analysent les transformations croisées de la morphologie et du peuplement des quartiers populaires de centre-villes faisant l’objet d’une réappropriation résidentielle et symbolique par les ménages de classes moyennes et supérieures. Toutefois, devant la généralisation des usages de la notion, un nombre croissant de recherches critiques interrogent aujourd’hui l’unité empirique et la pertinence théorique de ce concept, ainsi que sa place dans l’internationalisation et l’uniformisation des études urbaines.
La gentrification est-elle la seule catégorie d’analyse permettant de rendre compte des transformations socio-urbaines des quartiers populaires centraux ? Ne conduit-elle pas mettre en équivalence des configurations et des dynamiques urbaines marquées par une grande hétérogénéité, et dont elle tend à invisibiliser la diversité ? Plus précisément, dans quelle mesure cette notion tend-elle à imposer des schèmes théoriques, empiriques et politiques qui sont en vérité spécifiques et tributaires des histoires urbaines et académiques particulières qui l’ont vu naître (celles du Royaume-Uni et des États-Unis de la seconde moitié du XXe siècle) ?
Cette demi-journée d’études propose de revenir sur ces interrogations grâce aux présentations de chercheurs ayant développé une analyse critique de la notion de gentrification.