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Parrainages, pouvoirs et politique
jeudi 13 juin | 09:00 – 17:00 CEST
Journée d’étude « Parrainages, pouvoirs et politique »
Site Pouchet, Salle 255
Comité scientifique et organisation
Tamara González López, Université de La Corogne
Vincent Gourdon, Centre Roland Mousnier (CNRS)
Julien Muet, Centre Roland Mousnier (Sorbonne Université)
et Isabelle Robin, Centre Roland Mousnier (Sorbonne Université).
Sous le régime de Vichy, se mit en place un système de parrainage organisé autour de la figure du maréchal Pétain. Il acceptait de devenir le parrain d’un enfant à condition qu’il soit issu d’une fratrie d’au moins quinze frères et sœurs encore en vie. Environ 1800 enfants devinrent ses filleuls et tout autant se virent refuser cet honneur pour non-respect du critère théorique. Pour Pétain, l’acte de parrainer était réfléchi et permettait de récompenser les familles nombreuses, dans le cadre d’une politique familiale mettant l’accent sur la natalité. Le parrainage apparaît également comme un moyen politique destiné à renforcer des liens diplomatiques entre États : le 1er août 1691, Louis XIV parraina Aniaba, prince africain converti, trois siècles avant que Jacques Chirac, alors Premier ministre, ne parraine Yacine, la fille cadette d’Abdou Diouf, président du Sénégal de 1981 à 2000. Enfin le parrainage peut intervenir lors de célébrations nationales. À la suite de la prise de Minorque par la marine française en 1751, des couples furent dotés par la ville de La Rochelle et leurs enfants parrainés par la cité. Le fils de François Racine, maître taillandier, baptisé le 30 novembre 1752, fut ainsi nommé suivant la tradition avec les prénoms de son parrain, l’intendant de Blair, et de sa marraine, la ville : Louis La Rochelle. Ces quelques exemples, que l’on pourrait multiplier à l’envi, mettent ainsi en exergue l’utilisation politique que les pouvoirs en place eurent du parrainage à l’époque moderne et contemporaine, mais aussi la diversité des stratégies mises en œuvre.
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Depuis la création en 2006 du réseau Patrinus, ses membres ont promu et développé des travaux sur les modèles de parrainage, les usages socio-relationnels de la parenté spirituelle et ses implications économiques dans les sociétés chrétiennes européennes et américaines, de la fin du Moyen Age au XXe siècle. À plusieurs reprises, ils ont pu montrer l’implication des pouvoirs aussi bien religieux que civils dans l’institution du parrainage. Monica Vasile l’a notée dans la Roumanie communiste quand les chefs des sections locales du Parti multipliaient les filleuls ; de même, Ofelia Rey Castelao et Rubén Castro Redondo ont rappelé qu’à Saint-Jacques de Compostelle au XIXe siècle, les archevêques mobilisaient prioritairement des membres des élites politiques conservatrices pour devenir parrains de confirmation lors de vastes célébrations destinées à contrecarrer les mouvements anticléricaux et socialistes. Pour faire suite à ces premières études, il a semblé important de mener une réflexion plus globale sur l’instrumentalisation politique du parrainage et d’accorder une attention plus soutenue à toutes les modalités de création et d’utilisation de ce lien par les pouvoirs, qu’ils soient municipaux ou curiaux, locaux ou nationaux, du XVIe au XXIe siècle.
Programme
Intervenants
Présidente : Inès ANRICH (Sorbonne Université, Centre d’histoire du XIXe siècle)
Lucas LEHÉRICY (Sorbonne Université, CRM)
Ofelia REY CASTELAO (Université de Saint-Jacques de Compostelle)
Tamara GONZÁLEZ LÓPEZ (Université de La Corogne)
9h00 – Introduction
9h15 – Atelier 1 : Élites urbaines et usages du parrainage
« Choix intéressé ou pratique de parentèle élargie ? L’exemple du parrainage dans la haute robe parisienne au XVIe siècle. »
« Prácticas de apadrinamiento entre las elites urbanas del Noroeste español. »
« Redes sociales y poder en Galicia : el padrinazgo como instrumento de las élites urbanas. »
Débats
10h40 – Pause
Président : Julien LÉONARD (Université de Lorraine, Centre de Recherches Universitaire Lorrain d’Histoire)
Margreet DIELEMAN (Université d’Angers, TEMOS)
Markéta SKOREPOVA (Université de Bohême du Sud)
11h – Atelier 2 : Parrainages, pouvoirs en contexte de réforme religieuse
« Parrainages et pouvoir dans l’Église réformée d’Angers, 1600-1685 : quelle place pour les ministres, anciens et leurs proches ? »
« Godparenthood and social hierarchies in a Bohemian village community in the 17th and 18th centuries. »
Débats
12h – Pause déjeuner
Président : Julien MUET (Sorbonne Université, CRM)
Pierre SAUX-ESCOUBET (Sorbonne Université, CRM)
Andrew VIDALI (Trinity College de Dublin)
14h – Atelier 3 : Parrainages et usages diplomatiques
« Les parrainages européens de la République de Venise. Idéaux républicains et société des princes (XVIe-XVIIIe siècles). »
« Forbidden, regulated, and desired godparenthood ties: diplomacy and political patronage in early modern Italy. »
Débats
15h05 – Pause
Président : Jacques-Olivier BOUDON (Sorbonne Université, Centre d’histoire du XIXe siècle)
Julien MUET (Sorbonne Université, CRM)
Isabelle ROBIN (Sorbonne Université, CRM) et Vincent GOURDON (CNRS, CRM)
Antoine MANDRET-DEGEILH (Sciences Po Toulouse)
15h25 – Atelier 4 : Figures de chef d’État parrain
« Louis XV, roi-parrain. Les parrainages familiaux du roi de France dans l’Europe des Bourbons. »
« Les parrainages de Charles de Gaulle. »
« Un parrain comblé ? Les parrainages d’honneur du chef de l’État allemand (XIXe-XXIe siècles). »
Débats
16h50 – Conclusion générale
19h30 – Dîner